L’habitude, un frein à l’évolution difficile à dépasser
La volonté principale de PIGUT étant de promouvoir un style de vie différent demandant bien entendu des bouleversements dans la réalité de tous les jours, il est essentiel ici de parler de la force de l’habitude. Car s’il est bien une entrave à l’évolution et aux changements, c’est l’habitude.
En effet, sur ce site, j’ai la volonté de proposer des idées positives à travers mes propres expériences afin de stimuler chez vous chers lecteurs l’envie de vous plonger dans votre propre recherche de changements constructifs. Il se peut que ce dessein aboutisse à ce que certaines personnes soient convaincues de l’intérêt des théories présentées ici. Pourtant dès lors que leur mise en pratique demandera une modification même minime du quotidien, elles sont très difficiles à adopter pour qui n’est pas préparé à surmonter le poids de l’habitude.
Faites entrer l’accusé :
De mes voyages, de mes observations, de mon apprentissage personnel, j’ai pu constater que l’être humain est une bête d’habitude. Il exerce des rituels appris pendant l’enfance, hérités de ses aïeux, fruits de sa culture, il respecte des coutumes dont il a oublié le sens, sans vraiment le réaliser.
Prenons pour exemple l’alimentation, acte primordial enseigné dès l’enfance qui porte bien les stigmates de l’éducation et la culture, on parle d’ailleurs régulièrement « d’habitudes alimentaires ». La plupart des indonésiens estime qu’un repas n’est pas complet sans un bol de riz, la majorité des français ne pourra se passer de ses tranches de pain pour déjeuner et le belge moyen de ses pommes-de-terre; on voit bien que tout est relatif. Pourtant il serait ardu de changer leur point de vue respectif sur le riz, le pain ou les patates. Leur faire admettre qu’ils pourraient se nourrir différemment et amorcer le changement dans leurs pratiques serait un travail de longue haleine, une tâche quasi vaine. Pourquoi? L’habitude est trop forte et devient la seule vérité possible et admissible!
L’habitude est probablement si fortement encrée parce qu’elle a le don fabuleux d’accroître le sentiment de sécurité (si cher à notre société). En effet, dans l’habitude tout est sous contrôle et ça c’est rassurant. De plus, lorsque l’on observe l’usage, il n’est pas nécessaire de réfléchir, c’est une dépense d’énergie en moins et ça en laisse plus pour les choses vraiment importantes comme le travail (si cher à notre société). Dans l’habitude, chaque chose, chaque être reste gentiment à sa place et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Sauf qu’elle n’est pas toujours adaptée aux individus et au monde qui les entoure, voilà qui pose problème. Et les routines tenaces sont partout, pour les français, cela va de l’apéritif alcoolisé en fin de journée, aux vacances à la mer, en passant par les choix vestimentaires et le bol de céréales ou les éternelles tartines trempées dans le café le matin. Bonnes ou mauvaises, les habitudes ont la peau dure.
Restons en France et prenons des exemples de la vie de tous les jours. Lors de la dernière décennie, des initiatives de recyclage se sont mises en place et les sacs plastiques ont été progressivement retirés des caisses de supermarchés dans tout le pays. Belle avancée pour la lutte contre la pollution se disent certains. Mais aux prémices de ces changements beaucoup de citoyens étaient mécontents et aujourd’hui encore, pour beaucoup de gens, il est difficile d’accepter de trier ses déchets et d’apporter son sac personnel lorsque l’on fait ses courses. Pourquoi? Parce que ça n’entre pas dans le cadre de leurs rituels de vie, cela bouleverse leurs réconfortantes habitudes. Pourtant ces usages ne sont pas en accord avec l’environnement, mais peut importe, le droit à l’habitude est sacré, il en va de la liberté de chacun.
On voit qu’au fil du temps, les coutumes évoluent, néanmoins, il faut des années pour qu’une personne finisse par accepter une nouvelle façon d’agir ou de penser.
Pour continuer sur le sujet du recyclage, le compostage est de mon point de vue un geste facile. Il me semble très important de le pratiquer dès aujourd’hui car cela permet de réduire la quantité de résidus non recyclables entassés dans des décharges en créant au contraire de l’engrais naturel pour nourrir nos terres appauvries par l’agriculture intensive. On trouve de plus en plus de bacs à compost, même en ville, pourtant peu de gens se donnent la peine de mettre de côté leurs déchets organiques. Dans 5 ou 10 années (le temps d’entasser quelques dizaines de milliers de tonnes de déchets non réutilisables), le compostage sera peut-être entré dans les moeurs, mais pas trop vite, la nature peut souffrir en silence, l’habitude veille!
Finalement, il est intéressant de constater que lorsque les modes changent c’est souvent à force de suggestions répétées de l’Etat, d’entreprises ou d’une partie de la société. Les français mangent plus de fruits et légumes sous l’impulsion de matraquages publicitaires, les indonésiennes s’achètent des rasoirs sous l’influence de la société occidentale alors que les poils n’étaient jusque là pas un tabou… Mon point de vue est que les gens ne changent pas pour leur bien-être, ils ne modifient pas leurs us parce qu’ils ont constaté que ces derniers ne leur convenaient plus, non, ils échangent des habitudes imposées par d’autres habitudes imposées sans y réfléchir personnellement.
Ainsi la force de l’habitude est colossale et nous empêche de voir plus loin que notre petit horizon. N’hésitons pas à user de notre volonté pour lutter contre cette force pour inventer une société où les gens décideraient d’agir de façon éclairée en tenant compte uniquement de ce qui est bien pour eux-même et le monde qui les entoure. Alors à quand des modes de vie sains adaptés à chacun faisant cas de l’équilibre du reste de la planète? Je mentionnais tout à l’heure le droit à la liberté individuelle, où donc est-elle dans l’habitude irréfléchie? Quelle liberté a-t-on à se laisser dicter des assuétudes? Je laisserai cette question ouverte, en vous laissant… réfléchir.
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Entre nous :
Ressentez-vous que certaines de vos habitudes ou des idées ancrées par votre culture peuvent être un poids à votre évolution?
Est-ce qu’il y a des habitudes à la peau dure dont vous aimeriez vous débarrasser? Pourquoi voulez-vous les changer? Quel est le frein à ce changement?
Avez-vous déjà vécu l’expérience d’un combat contre des habitudes?
Jenny says
et là ma poulette je te renvoie à l’habitus de bourdieu
Gwenola says
Cet article me parle beaucoup!
Devenue végétarienne, je me suis aussi rendue compte combien il était tout à fait possible et faisable de se passer de viande, et que le fait que nous en mangions est finalement purement culturel et la force de l’habitude… Parce qu’on nous en met dans l’assiette depuis tous petits en fait, et parce qu’on voit tout le monde autour de nous en manger!
Sinon aujourd’hui, je cherche à remettre complètement en cause la relation homme/cheval basée sur l’équitation, et j’ai souvent l’impression de me heurter à un mur tellement l’association cheval=équitation est une habitude!! Il ne traverse même pas l’esprit de la plupart des gens qu’il serait possible de faire autrement…
Je pense que nous sommes tous, plus ou moins prisonniers de traditions et d’habitudes, et il n’est pas, comme tu l’écris, si facile de s’en rendre compte, puis de s’en défaire! Je pense que voyager aide beaucoup pour ça en revanche, car en découvrant de nombreuses autres façons de faire, de vivre, de penser, cela nous force à nous interroger sur les nôtres, et à les considérer avec plus de recul. 🙂
PIGUT says
Merci pour ta participation!
Je suis tout à fait d’accord avec toi du début à la fin (c’est suffisamment rare pour le souligner, haha), effectivement, il est difficile de se rendre compte du poids des habitudes et de s’en défaire, mais ça n’est pas impossible et c’est primordial d’y songer au moins. Au fond, j’ai l’impression qu’une fois qu’on a « passé la barrière » on se dit que finalement ça n’était pas si dur et on découvre qu’un autre monde est possible, un monde plus adapté à chacun.
Je pense également que découvrir d’autres cultures et façons de vivre devrait être une partie intégrante de l’éducation de chaque individu, effectivement ça permet de prendre beaucoup de recul, on en manque cruellement!
Pour les chevaux, n’hésitez pas à faire un tour sur le forum chevaux-en-vacances.forumactif.ws , une initiative à soutenir!
Adeline says
J’aime beaucoup cet article.
A 36 ans, cela ne fait que 2 ou 3 ans que je remets en cause toutes mes » habitudes » sociales ou éducatives, en me demandant à chaque fois » est-ce que cela me convient vraiment, cela me rend-il heureuse ? si non, que pourrais-je faire à la place ? »
Face à mon attitude légèrement » anarchiste », je rencontre souvent de la résistance, surtout dans ma famille proche, et bien évidemment, c’est ce qui me touche le plus, mais cela me fait aussi avancer.
Je vais à contre courant de la société de consommation et de performance, au profit d’une vie simple basée sur des valeurs simples et qui me conviennent.
soleil says
Comme Adeline (avec un an de moins 😉 ).
Ce sont des difficultés économiques qui m’ont fait m’interroger sur ma façon de vivre, et de là passer à un mode d’alimentation différent. De là, j’ai réfléchi à ma façon de consommer: pourquoi acheter ici plutôt que là, pourquoi ça, pourquoi tjs le moins cher (et pq c’est moins cher au fond ? Comment c’est produit ?). J’ai changé beaucoup d’habitudes, bcp de réflexes acquis. Je me suis mise à acheter moins, mieux, en brocante, en seconde main, à réfléchir avant de jeter. Finalement ce n’est dur que si on s’accroche à ce qu’on connait. Si on se montre un peu curieux c’est très facile de changer ses habitudes. Je continue à la faire, quand je vois que je commence à rester dans des schémas qui ne me plaisent plus tout à fait je change. Je me pose aussi à chaque fois la question: Est-ce que j’en ai envie, est-ce que ça me convient ? Et cela pour tout, y compris professionnellement et en amitié.
Un truc tout bête à faire, c’est de descendre du métro un arrêt plus tôt, de marcher un peu en regardant autour de soi. Ça fait un bien fou 🙂
PIGUT says
Merci pour ce commentaire qui résume tout!
Effectivement, il ne faut pas avoir peur de voir les choses autrement et de réfléchir, alors tout est possible, et l’on peut enfin avoir une vision de ce dont on a vraiment envie et besoin pour notre vie!
eldorado says
Bonjour,
Ton article est fort intéressant et il est vrai que l’on a des habitudes qui sont ancrées et tenaces. Par exemple à mon boulot c’est la grande mode du régime Dukan(protéiné) Certaines collègues ingurgitent pour un seul repas que de la viande,charcuterie et quand je leur dis qu’elle pourrait maigrir en mangent des légumes cela leur paraît impensable. (des légumes oh la la) On me rétorque qu’avec ce régime les résultats sont importants. J’avais une ancienne voisine qui n’allait à Paris qu’en voiture alors que le métro se situait à 10 mn en bas de chez nous. Par exemple ne pas prendre la voiture pour faire ses courses quand c’est possible.
Je n’utilise plus de sachet et cela devient énervant que les commerçants ne font pas tous pareil. Ma pharmacienne ne m’en propose plus car elle me connait. J’ai toujours un sac pliable au cas où je devrait faire des courses en sortant du travail.
J’ai du par la force des choses réduire pas mal de dépenses. Quand j’étais en couple, nous avions de bons salaires et je dépensais s’en compter notamment dans les fringues, les concerts, les expos etc. Depuis j’ai du faire un choix. Soit je continue à manger bio ou soit je diminue tout le reste. Le choix c’est fait naturellement sur le fait de continuer à acheter de la nourriture bio et à ne plus manger de viande ni de poisson. Cela fait plus d’1 an que je n’ai plus acheté d’habits et je n’en suis pas malheureuse pour autant. Cela oblige aussi à faire attention à sa ligne (sans se priver)pour pouvoir reporter ses vêtements l’année d’après.
Je privilégie les petites salles de cinéma plutôt que les grands complexes et ne pas voir uniquement les films à grands budgets. Le ciné reste l’une de mes seules vraies sorties. Il y a aussi à Paris des tas de choses à faire sans forcément dépenser de l’argent.
Bref, je pense qiu’il est important que chacun puisse cheminer à son rythme.
Lotfi says
Bonjour, je découvre à l’instant ce site et je le trouve très intéressant, félicitations pour cela.
Ensuite, je suis 100% d’accord avec le contenu de cet article, les habitudes entrainent automatismes, névroses et toc et conditionnent l’être humain de façon assez hallucinante. L’assistanat à outrance de la société pousse encore plus les gens à continuer dans cette voie là et on se demanderait même si la plupart des gens n’auraient pas peur de la vraie liberté. Dans le mot liberté j’inclus : assumer ce que l’on est réellement, agir pour nous même et nos convictions (ce qui implique d’avoir des convictions bien sûr), savoir qui l’on est, pouvoir tenter de nouvelles expériences quand on le souhaite et surtout, n’avoir aucune contraintes liées à un héritage culturel, contexte de société ou autres joyeusetés de ce genre que nous n’avons pas forcément choisis et qui nuisent à notre épanouissement personnel.
Je suis toujours heureux de voir qu’il y a des gens comme toi qui sont suffisamment éveillés pour prendre leur vie en main et en plus partager leur point de vue avec les autres. Ce type de partage fait partie des petits pas qui font avancer les choses.
Bonne continuation 🙂